17 févr. 2010

Mark Z. Danielewski

Mark Z. Danielewski publie en 2006 un roman véritablement révolutionnaire et indescriptible: O Révolutions, les récits tête-bêche de deux adolescents Sam et Hailey en fuite éperdue et amoureuse à travers les Etats-Unis. La version française réalisée par Claro, déjà plusieurs fois honoré en ces lieux, ne peut être qualifiée de traduction tant elle est une oeuvre à part entière.
Pour donner une idée, nécessairement imparfaite, de ce prodige poétique aux 360 pages degrés, voici un extrait situé page 60 du récit de Sam (soit page 301 du récit de Hailey) et son symétrique situé page 60 du récit de Hailey (soit page 301 du récit de Sam) que l'on lit en sens inverse en retournant le livre.



(Sam)
Hailey éclate de rire
et, goulue, me gobe la tige,
mordille l'embout, ses lèvres
vite maculées de mon gai tribut.

Et je quitte la route. Errant
Mais je suis la suite de la route.
Là où je vais la voie devient.
De déviations en aventures.
Sur la voie du milieu, dépassant
Camps, Chautauquas, et Dreggs.
160 Bovidés foissent :
- De vous noUS dépendons tous.
Ben voyons. Pourquoi pas.
Pas de deux. Tout doux le joug.
     Escale fissa à Tango.
                Convole avec Hailey.
                         Entraînant. Fox Trot.
     Un Opposum tabule.
Danser dans la brise.
Puis enfin
       à genoux
                  flatter son berlingot
                       desceller son sillon
              mon petit doigt énamouré
de sa chaloupe.

******
(Hailey)

Sam éclate de rire.
Sans réfléchir je l'avale,
lui grignote l'embout, le pompe
et l'essore puis déglaviote.

Sam quitte la route.
Emeute d'herbes. Dérapages débiles.
Accroche-toi, ça tangue. Le quai crash.
En plein parc, près d'un bac à sable,
égaillant Pique-niqueurs, Beaux Messieurs
et Vraies Pimbêches.
    Boursouflures des Sumacs vénéneux :
- De vous noUS devons dépendre.
Car je suis périple. Le moindre
va et le moindre vient.
       Sam se gare encore,
                 pressé de relancer
                           la donne des doigts.
       Les Marroniers huent quand,
m'écrasant les arpions, il
me tâte les tibias. Puis                
       m'empoigne les fesses,
               pourlèche mes cuisses,
                         me broute le minou,
           avec tant d'inélégance
que l'émoi capote.

13 févr. 2010

Carlos Fuentes

Le recueil L'oranger écrit par Carlos Fuentes et publié en 1993 comprend cinq nouvelles. L'une d'elles, Apollon et les putains, raconte les dernières heures de Vince Valera, acteur de cinéma, parti naviguer dans le golfe d'Acapulco en compagnie de sept putains et de leur mère maquerelle. Une libre adaptation du conte des frères Grimm.


Sept culs sept. Cul intérieur de papaye qu’on vient d’ouvrir, chair rose, intouchée, telle une perle carnivore et parfumée. Cul palpitant de jeune louve blessée, récemment séparée de sa mère, traversée par la maudite flèche d’un chasseur intrus? Cul de source pure, eau qui court sans obstacles, sans remords, sans se soucier de son destin qui la précipite vers la mer qui va l’engloutir dans sa fourche salée. Cul de nuit à l’affût en plein soleil, gardée en réserve en prévision des faiblesses du jour, nuit vaginale en prévision du jour où le soleil ne se lèvera plus et où le sexe de la femme devra occuper le centre de l’univers. Quatrième cul des filles d’Acapulco, chambre quatrième, cul telle une chambre meublée, chaude, accueillante, en attente de son hôte parfait. Cul cinquième, le cinquième n’est jamais mal venu, dit-on ici, cul métallique de veine qui résiste à la pénétration, qui refuse de livrer son or, qui exige du mineur qu’il meure d’abord de suffocation au cœur du tunnel. Cul glorieux des libations eucharistiques, cul sixième, cul religieux, irlandais, noir, comme dirait Cindy mon épouse waspique, Wasp blancanglosaxonprotestant qui essaie de me refiler ses vieilleries ancestrales, tu ne sais pas jouir, Vince, si tu ne t’imagines pas plongé dans le péché, pauvre Apollon de Celluloïd, inflammable, périssable, prends-moi comme on prend une femme, un être humain, comme ton égal, non comme symbole de ton odyssée spirituelle, fils de pute, je ne suis ni ta communion ni ta confession, je suis ta femme, un autre être humain, quelle idée j’aie eue d’épouser un Irlandais catholique qui croit dans la liberté du péché, et non dans la prédestination de la chair!
C’est cela que je fuis: je veux jouir du dernier cul, le septième sceau, le cul sans attributs, le purgatoire sexuel sans paradis ni enfer, avec mon nom tatoué à l’entrée du vagin, Vince Valera, Apollon vaincu: les sept filles sur ma verge, toutes les sept me suçant, l’une après l’autre, l’une me suce, la deuxième me met le doigt dans l’anus, la troisième m’embrasse les couilles, la quatrième me met sa chatte dans la bouche, la cinquième me mordille le bout des seins, la sixième me lèche les orteils; la septième, la septième promène ses seins immenses sur tout mon corps, elle dirige les autres, elle fait saute ses seins sur mes yeux, m’en caresse les testicules, fait tourner un téton autour de ma queue, puis chacune d’elles le pompe à son tour, et non seulement elles, me pompent également le soleil, la mer, le moteur des Deux-Amériques.
Me pompe aussi le regard impassible de Blanche-Neige, qui garde les mains inutilement posées sur le gouvernail. Inutilement, car on est en train d’enfreindre toutes les règles de son royaume et elle ne peut rien faire d’autre que nous contempler dans une absence indifférente qui doit être celle de Dieu lui-même lorsqu’il nous voit revenir à la condamnable mais indispensable condition de bête.
Inutilement, car les Deux-Amériques a atteint son allure de croisière, il avance seul vers l’intérieur de la mer comme mon sexe ne pénètre qu’une seule, qu’un seul des sept trous qui s’offrent ce matin à mon entier abandon, à l’exigence de me donner totalement, de ne rien retenir, de ne plus trouver un seul prétexte pour rester ou fuir, me marier ou divorcer, signer un contrat ou convoiter un prix, me concilier un chef de studio, sourire à un banquier, séduire un journaliste au cours d’un dîner au Spago’s, rien, rien d’autre que ceci: l’ascension simultanée vers le ciel et l’enfer, les battements déchaînés dans ma poitrine, la conscience d’avoir trop bu, d’avoir passé une stupide nuit blanche, mon cœur galope et mon estomac se tord, je ne suis pas rasé, mes joues râpent les divines fesses de la Sosotte telles les épines dur la tête du Christ, le soleil darde ses rayons verticaux, la brise tombe, ma souffrance devient omniprésente, le moteur ne s’entend plus, le soleil d’éteint, mon corps se liquéfie, les rires des sept naines se dissipent, il n’y a plus sept trous, il n’y a plus qu’un seul dans lequel je tombe en apesanteur, il n’y a plus sept nuits, il y a une seule nuit dans laquelle je pénètre doucement, sans hésitation, prédestiné comme le voulait mon épouse Cindy, sans tête ni cœur, pure verge dressée, pur phallus d’Apollon dans la bouche d’une muse péripatéticienne qui me caresse le visage en me chuchotant à l’oreille: «Ceci est ton visage idéal. Tu n’en auras jamais de meilleur. Ceci est ton visage pour la mort, mon petit père.»

10 févr. 2010

Frédéric Dard

Frédéric Dard est célèbre pour avoir écrit dans une langue truculente d'innombrables aventures du commissaire San-Antonio. En 1968 sort Un éléphant, ça trompe , le 70ème ouvrage de la série.
Voici une scène où le beau commissaire, en mission en Angleterre, se réfugie dans l’appartement de feu Rot Harryclube en compagnie de sa prisonnière Molly. Pendant qu’il profite de son bain réparateur, il la force à rester à ses cotés pour éviter qu’elle ne s’échappe. Mais face aux charmes de la mignonne Anglaise, notre policier est victime d’une érection irrépressible.


Oh ! ce gourdin, m’sieur le C.R.S. ! Je vais pas pouvoir m’évacuer de la baignoire dans cette position. Ça relève de l’infirmité! Je suis paré pour les joutes! Le pauvre Henri II devait avoir un zig de mon acabit en face de lui lors de son fatal tournoi!
Que faire! Rendre la clé à la fille et lui dire d’aller m’attendre? Trop imprudent. Ou alors m’asperger d’eau froide? Tiens, faut risquer l’expérience. Employer toutes les thérapeutiques. Je me dresse hors de la baignoire et que surprends-je? L’œil attentif de Molly (Molly, je voudrais bien en faire autant!) dans la glace du lavabo. Elle faisait semblant de lire, la friponne, mais pendant que je savonnais, elle, elle se rinçait l’œil.
D’attentif, son œil que je vous cause devient stupéfait lorsqu’elle me panoramise le corpus délicieux. Dans la seconde qui suit, le même œil, toujours, passe de la stupéfaction à la langueur.
On m’avait bien raconté que les Anglaises… Mais à ce point, non, je vous jure, je pouvais pas me douter. La môme largue sa revue. Elle saura jamais comment exterminer les vers à bois, mais il n’importe. Elle se retourne, quitte le tabouret, tombe à genoux. Et la suite, mes amis, je vais carrément m’abstenir de vous la raconter. J’suis pas Nu et Nère, moi, je fais pas de politique et j’ai pas envie de poivrer une interdiction, que pour lors me faudrait aller vendre mes polars sous le manteau à la sortie des naïtes-cleubes. Excusez mon autocensure, mais on n’est jamais si bien desservi que par moi-même. Toujours est-il que j’ai raison de préférer les nanas à grande bouche plutôt que celles qui ont un orifice de fume-cigarettes en guise de clappoir. Bref, je ne donne pas de précision, mais dénouez votre cravate et suivez mon regard.
On se met si facilement à frénétiser, elle et émoi, qu’au bout de cinq minutes Molly bascule toute loquée dans la baignoire, qu’au bout d’une demi-heure elle en ressort en tenue d’Eve et qu’au bout d’une heure on saccage le pucier du pauvre Rot Harryclube.

5 févr. 2010

Alberto Moravia

Roman d'Alberto Moravia publié en 1978, Desideria , prend la forme d'une interview d'une adolescente romaine par l'auteur désigné par le pronom 'Moi'. La jeune fille d'origine bourgeoise se révolte contre son milieu en transgressant toutes les valeurs établies.



Désidéria: Il est d’abord resté longtemps en contemplation, puis, comme pris de vertige, le voilà qui, doucement, incline son buste, penche sa tête lentement et tombe sur moi. La lenteur de la chute me trompe sur la nature du vertige qui la provoque. Je m’attends à un contact doux et progressif: soudainement la douceur du début se transforme en fureur; son front heurte brutalement l’os du pubis avec la rage, la violence de quelqu’un qui sait d’avance que son désir ne pourra être exaucé.
Moi: Et ensuite?
Désidéria: Pratiquement, généralement l’amour buccal ne donne de plaisir physique directement, corporellement qu’à un seul des amants; l’autre ne jouit que du plaisir qu’il donne à son partenaire. Mais dans notre cas, celui d’Érostrato et de moi, il n’en était pas ainsi et je m’en suis aperçue presque tout de suite. J’ai compris qu’Érostrato ne cherchait pas son propre plaisir, même pas à travers et grâce au mien, mais autre chose que je n’arrivais pas à définir.
Moi: Essaye pourtant de le définir.
Désidéria: Je crois que c’était quelque chose de mystérieux et de douloureux, de désespéré et d’impossible. Érostrato, sans éloigner sa bouche de mon sexe, a commencé à gémir en émettant une sorte d’étrange lamento, comme de désir normal et profondément ressenti mais irréalisable. Alors finalement, j’ai compris.
Moi: Tu as compris quoi?
Désidéria: J’ai compris qu’il gémissait comme un pauvre type exposé au froid, à la peur, au découragement, à la solitude. Comme un malheureux qui frappe à une porte que personne ne vient ouvrir. Érostrato, lui, voulait pénétrer en moi – pas comme l’aurait fait un amant – mais comme y pénétrerait, ou plutôt non, comme y reviendrait un enfant refusant, à peine né, de vivre. Un enfant qui voudrait réintégrer le ventre maternel en sens inverse, en passant par toute la série de transformations par lesquelles il est passé avant de naître, jusqu’à redevenir embryon, germe, néant. Je te l’ai déjà dit, cette explication du comportement d’Érostrato m’a traversé l’esprit au moment où après avoir heurté mon pubis avec son front comme quelqu’un qui frappe frénétiquement contre une porte, il s’est mis à gémir. Ce n’était pas un gémissement de plaisir, non, c’était une lamentation funèbre et nostalgique, une aspiration désespérée.
Moi: Nostalgique? Aspiration? Mais de quoi, à quoi?
Désidéria: Il avait la nostalgie du temps où il vivait dans le ventre de sa mère et il aspirait à y retourner.
Moi: Tu as pensé à toutes ces choses au moment même, ou les as-tu imaginées plus tard?
Désidéria: Je les ai senties tout de suite, je me les suis expliquées plus tard.
Moi: N’éprouvais-tu pas, à ce moment-là, un plaisir trop intense pour analyser si précisément tes sentiments?
Désidéria: Mais je n’éprouvais aucun plaisir, ni intense ni autre, parce que j’étais décidée à ne pas l’accepter. Tandis que le plaisir de comprendre Érostrato, ah, oui, ce plaisir-là je l’éprouvais vraiment.
Moi: Mais quel genre de plaisir était-ce exactement?
Désidéria: Pour une fois, tâche toi aussi de comprendre. Érostrato voulait – mais de toutes ses forces il le voulait – entrer en moi par la très étroite fente de mon vagin, entrer tout dans mon ventre, s’enrouler sur lui-même dans la position du fœtus pour y rester éternellement. En d’autres termes, il voulait fuir le monde dans lequel il avait été projeté puis abandonné par la personne qui aurait dû le protéger et le conserver dans la douceur de son sein. Cette volonté de régression était, en fait, contradictoire, à la fois désespérée et pleine d’espoir. Lui, il savait fort bien qu’il est impossible de régresser jusqu’au néant prénatal; pourtant, j’ai senti nettement que, tout en étant conscient de cette impossibilité, il gardait le fol espoir qu’un miracle pouvait arriver à l’improviste; et qu’à l’improviste mon sexe s’ouvrirait suffisamment pour le laisser s’introduire tout entier dans mon ventre pour lui permettre de faire, à l’inverse, par transformation successives et vers la totale obscurité et le néant, le chemin qu’il avait suivi pour naître au jour.
Moi: Une interprétation insolite de la fellation.
Désidéria: Peut-être, mais qui sera confirmée par ce qui va se passer. Juste au moment où je suis sur le point d’avoir l’orgasme, Érostrato glisse dans ma main le billet plié en quatre de cinquante mille lires que je lui avais donné pour qu’il fasse semblant de me payer. Alors, brusquement, je comprends que ce billet, à cause de la tragique volonté de mon amant, s’est transformé instantanément: il ne représente plus le salaire dû à la prostituée pour ses bons offices; il devient le péage donnant droit au franchissement du seuil du vaste monde ténébreux et protégé dont sa mère l’avait expulsé en le mettant au monde.
Moi: Qu’est-ce que cela voulait dire? A ton avis, s’agissait-il d’un refus de vivre?
Désidéria: Peut-être, mais je dirais plutôt refus d’exister; en ce moment il s’adressait à moi pour que je le fasse sortir de l’existence, immédiatement et définitivement. Et lui, peut-être dans l’espoir de se voir exaucer, dans son désir que je l’entende, il s’était mis à redoubler d’efforts: l’orgasme est venu et j’ai hurlé comme une femme qui accouche dans les douleurs. Avec la différence que les femmes donnent, comme on dit, le jour à leur bébé tandis que moi j’avais l’impression de restituer mon fils aux ténèbres; mes hurlements étaient ceux d’une mère dont l’enfant n’a pas demandé de naître mais de mourir.
Moi: Une sensation lugubre?
Désidéria: Non , la sensation de quelqu’un auquel on adresse une prière et qui ne demande qu’à l’exaucer.
Moi: Et ensuite?
Désidéria: Ensuite nous sommes restés un moment sans bouger: moi, étendue sur le dos, les jambes écartées, lui, agenouillé, le visage enfoui dans mon sexe.

1 févr. 2010

Tom Wolfe

Journaliste devenu romancier, Tom Wolfe est l’auteur de romans fleuves ayant connu un succès mondial. L’homme au costume blanc, héritier de Balzac, Zola ou Dickens, a publié en 2004 Moi, Charlotte Simmons, une chronique de la vie étudiante sur un campus américain. Voici un extrait de la scène où Charlotte Simmons, jeune fille naïve sortie de sa campagne reculée, perd sa virginité à la suite des assauts d’un collègue étudiant, très séduisant mais fortement alcoolisé.


Ohmygod! Elle approchait du… délire. Le sourire! Le baiser dans le cou! Elle aurait dû mais ne pouvait rien dire, même quand les baisers sont descendus sur sa poitrine et que sa langue est sortie pour frôler et frôler pendant que les lèvres massaient et massaient et puis, clank! la bouche s’est jetée sur son sein droit, puis le gauche, était-ce ce que les hommes sont censés faire, et elle est descendue juste au milieu du ventre, atteignant le nombril dans lequel la langue est entrée un instant – non, vraiment, était-ce ce que les hommes font? –, et encore plus bas, encore, jusqu’à ce qu’il n’existe plus aucun doute sur là où elle voulait aller. Il fallait parler, là! Admettons qu’elle continue et atteigne son… Mais non, la langue a changé de course, brusquement, pour suivre la crête iliaque et parvenir au bord de la petite culotte. Ayant glissé son majeur sous l’élastique de ce côté-là, il l’a fait avancer doucement vers… l’autre côté, juste au-dessus de la limite du mont pubien, et arrivé à l’autre hanche il s’est aidé de ce doigt pour faire descendre le sous-vêtement plus bas sur la hanche avant de repartir en sens inverse, mais l’élastique rendait la trajectoire plus complexe, maintenant, de sorte que le majeur a dû s’aventurer dans les poils de sa motte et elle n’a pas frissonné, là, elle a convulsé, un muscle de son bas-ventre s’est distinctement mis à palpiter, et le doigt est entré – ohmygod, comme elle était mouillée! – , ressorti pour tirer la culotte encore plus bas, et c’était une inondation entre ses jambes, elle ne savait même pas que cela pouvait arriver, tandis que le bout de coton blanc descendait sur ses cuisses, passait par-dessus ses pieds et qu’elle était désormais nue et que la grosse langue roulait sur la partie la plus douce, la plus vulnérable de son ventre…
Voilà, elle était à la colle avec un garçon. Peut-être un peu trop mais pas vraiment, puisqu’ils n’en étaient qu’à la première phase, ou disons proche de la seconde, ce qui était beaucoup mais restait une expérience, et les mots de Laurie sont revenus flotter dans sa tête, le moment ou jamais dans toute sa vie… C’était tellement congestionné, là, entre ses jambes, hypersensible, hypervulnérable, hypergorgé de sécrétions brûlantes, qu’elle ne pouvait plus attendre, non! Il fallait rappeler les limites, qu’il connaissait, évidemment, mais elle devait s’assurer qu’il s’en souvenait. Les yeux fixés sur le sommet de son crâne, elle voyait ses épais cheveux lustrés s’agiter doucement pendant qu’il embrassait, léchait, embrassait, léchait, dans des spirales dérapantes, des loopings qui… Est-ce que sa langue ne venait pas de passer en éclair sur le frisottis de poils? Assez! Des mesures urgentes s’imposaient! Coincée sur le matelas mou, cependant, elle avait du mal à agir et, quand elle a plaqué ses deux mains sur sa tête en guise d’avertissement, le geste a manqué de force, de conviction, de sens, même, au point qu’il l’a pris pour un encouragement à aller encore plus bas avec sa langue et, ohmygod…