30 avr. 2016

Luke Rhinehart

En 1971, George Powers Cockcroft publie sous le pseudonyme de Luke Rhinehart son premier roman: l'homme-dé. Le livre connaît un grand succès dans les années 70 et devient une sorte de manifeste de la subversion. Un psychiatre, Luke, décide de livrer sa vie au hasard du dé. Dans le passage ci-dessous, Luke se fait passer auprès d'une étudiante pour le père Forbes de la cathédrale de Saint-Jean-de Dieu, chargé d'une étude sur la sexualité humaine.



Terry Tracy, mes amis, remplit ses devoirs spirituels avec une adresse, une docilité, une ferveur et un sérieux admirables. Avec même une excessive habileté. Comme j'avais d'abord du mal à entrer en elle, je l'encourageai à baptiser l'enfant non circoncis avec la sainte eau de sa bouche, ce à quoi elle s'employa avec tant de dévotion que je tardai plusieurs minutes à me remémorer mon but central. A ce moment-là, j'étais spirituellement trop bien parti pour exercer une pression quelconque sans parvenir selon toute vraisemblance à la grâce divine complète et immédiate. Elle eut la compréhension de me consoler avec ses mains, puis abaissa sa sainte bouche sur l'enfant tremblant et l'y baigna : elle avait le don des langues. Je gémissais avec un manque total de cohérence et de dignité, comme il arrive en général en de telles vêpres émotionnelles, et sentis monter le Saint-Esprit. J'essayai de retirer du saint tabernacle l'enfant non circoncis et murmurai "Arrête !" mais l'ange n'interrompit point son ministère. Les nébuleuses, l'enfant et moi-même, tout explosa d'un seul coup en une divine sensation de fusion universelle : je me laissai aller à plonger dans sa bouche. Au bout de dix ou quinze secondes durant lesquelles j'avais complètement échappé au monde des simples mortels, je revins de mon voyage spirituel.
Sa bouche et ses mains confisquaient toujours ardemment mon pénis et mes couilles comme s'il ne s'était rien passé.