26 août 2017

Yannick Haenel

Yannick Haenel, lauréat de quelques prix littéraires lors de la décennie précédente, poursuit dans son dernier roman Tiens ferme ta couronne, l'exploration de ses thèmes obsessionnels. Dans ce livre, un écrivain un peu raté raconte sa plongée dans la déchéance avant le rebond résurectionnel. Dans le passage suivant, le voilà passant une soirée avec Anouk, la copine de son voisin Tot, qui a eu la mauvaise idée de s'absenter.


Elle revint avec une serviette nouée autour d'elle, les cheveux mouillés, parfumée de citron et de fleur d'oranger; elle s'allongea à mon côté en souriant; de petites gouttes ruisselaient sur ses épaules; le vernis de ses orteils était orange.
Avais-je entendu Tot rentrer ? Non, aucun bruit, personne.
En avançant vers moi son visage pour m'embrasser, elle dénoua sa serviette. Ses seins étaient minuscules, son corps doux et chétif comme celui de mon hirondelle : il me semblait en approchant ma bouche de son sexe, que j'aurais pu briser ses petits os d'un seul coup de dent.
Il y avait plusieurs mois que je n'avais pas fait l'amour, et l'alcool n'aide pas tellement : en général, on est lourd, engourdi, il est difficile de bander, mais Anouk me branla avec gentillesse. Sa main était chaude, presque fondante, et ses longs doigts aux ongles vernis pressaient ma queue avec une vigueur humide. "Pas de pénétration" dit-elle. De petites lumières clignotaient dans la chambre et nous nous embrassions avec une telle ardeur qu'un peu de salive s'écoulait sur nos corps et mouillait les seins d'Anouk que je pétrissais comme un enragé. Je lui suçai la chatte, longtemps : c'était une joie de fouiller ses lèvres, de lécher toute cette pulpe juteuse et d'ouvrir avec le bout de ma langue les adorables plis de sa vulve. J'avais la bouche en feu, pleine de bave, je ne me contrôlais plus. Elle s'accrochait à mes cheveux en gémissant, et en s'appuyant sur ma tête pour que ma langue aille plus loin dans sa chatte, elle se mit à tressaillir, ses épaules se secouèrent, et elle poussa un cri : sa joie déchira la nuit. Je pensais à Tot, derrière le mur, qui avait forcément entendu.

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